Méga-contrat ferroviaire au Nigeria : la Chine tient ses promesses

Par Karel Vereycken, rédacteur et directeur de publication de Nouvelle Solidarité

 

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                                                              Construction d’une ligne ferroviaire à Lagos.
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Le gouvernement nigérian et le géant du rail China Railway Construction Corporation (CRCC) ont signé le mercredi 19 novembre à Abuja un contrat géant de 11,97 milliards de dollars pour la construction d’une ligne ferroviaire, a précisé l’agence de presse Chine nouvelle.

La ligne de chemin de fer, de 1402 kilomètres, reliera, en suivant la côte et en traversant notamment le delta du Niger, la capitale économique nigériane, Lagos, à la ville de Calabar dans l’est du pays, en passant par Port Harcourt et le complexe pétrochimique de Warri. 200 000 personnes seront embauchées pour réaliser ce projet qui, une fois achevé, emploiera en permanence 30 000 salariés.

Si pour l’instant, les 24 arrêts seront desservis à 120 km/h, la coopération sino-nigériane entend progresser vers la grande vitesse. Le patron de CRCC, Meng Fengchao, a assuré que le projet au Nigéria ferait appel à tout le savoir-faire récent de la Chine en matière de train et de matériel ferroviaire. La Chine est fière en particulier de sa technologie pour la grande vitesse, qu’elle tente d’exporter dans le monde où elle affronte des multinationales comme le français Alstom, l’allemand Siemens et le canadien Bombardier.

La société chinoise n’en est pas à son coup d’essai au Nigéria. En 2012, la compagnie avait déjà obtenu la construction du chemin de fer reliant Lagos à Ibadan, à 130 kilomètres au nord, pour 1,5 milliard de dollars.

Pour CRCC, la signature du contrat intervient deux semaines après que le Mexique, sous pression américaine, a remis à plus tard, l’attribution de la construction de sa première ligne de TGV à un consortium mené par CRCC.

Le Nigéria représente pour le constructeur un marché d’avenir. Première puissance économique et premier producteur de pétrole d’Afrique, le pays exporte environ 2 millions de barils de brut par jour. Une manne qui finance notamment de grands projets d’infrastructures dont manque cruellement le pays. Des entreprises chinoises sont déjà impliquées dans la construction d’infrastructures routières au Nigeria, et dans un projet de métro aérien à Lagos.

Promesses dures comme des BRICS

Dès juillet 2012, la Chine, un des piliers des BRICS, avait annoncé, à l’occasion d’un sommet Chine-Afrique organisé tous les trois ans, qu’elle entendait doubler le montant de ses prêts aux pays africains à 20 milliards de dollars entre 2013 et 2015.

Cette année, lors de sa tournée sur le continent africain, le Premier ministre chinois Li Keqian avait confirmé cet engagement. Et le 5 mai, lors d’un discours prononcé au siège de l’Union africaine situé dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba, Li Keqian avait précisé que « la Chine va augmenter les lignes de crédit à l’Afrique de 10 milliards de dollars et apporter 2 milliards de dollars supplémentaires au China-Africa Development Fund, pour en porter les actifs à 5 milliards de dollars ».

Li Kijang avait ajouté qu’il « rêve de voir toutes les capitales africaines interconnectées grâce à des trains à grande vitesse, afin de renforcer l’intégration régionale et le développement ». Et que la Chine est « prête à coopérer avec l’Afrique pour transformer ce rêve en réalité ».

La Chine est régulièrement accusée de chercher uniquement à vouloir s’accaparer les matières premières ou encore de vouloir inonder le marché africain de produits manufacturés à bas prix sans le moindre transfert de savoir-faire. Avant de s’envoler vers Addis-Abeba, M. Keqiang avait réfuté ces accusations. « Je voudrais affirmer à nos amis africains, avec toute ma sincérité, que la Chine entend aucunement agir de façon impérialiste comme certains pays l’ont fait auparavant sur le continent africain. Le colonialisme doit appartenir au passé », a-t-il déclaré. Il a également sommé les entreprises chinoises présentes en Afrique de « se conformer aux lois et règlements locaux et à prendre leurs responsabilités pour protéger les intérêts des communautés locales ».

Depuis 2009, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Afrique. Le commerce bilatéral s’est élevé à 210 milliards de dollars en 2013 en constante augmentation. Le volume des investissements directs chinois en Afrique a atteint 25 milliards de dollars fin 2013.

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