L’Afrique, colonie du premier président noir-américain ?

Ou comment Obama amplifie les politiques de Bush et Cheney

 

Tout commence une nuit de novembre 2003, la lune est presque pleine, les citoyens européens et américains dorment pour la plupart paisiblement. C’est alors qu’un submersible des forces spéciales de la marine des Etats-Unis (les SEALs, acronyme pour Sea, Air and Land – Mer, Air, Terre) s’approche de la côte somalienne, pour une opération contre un pays avec lequel ils ne sont pas même en guerre. Pourquoi ?

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Les Etats-Unis sont en guerre en Afghanistan depuis 2 ans, où ils ont capturé un certain Ali Abdul Aziz al-Fakhri, directeur d’un camp d’entraînement en Afghanistan pour Al-Qaida. Suite à un interrogatoire dans la tristement célèbre prison de Bagram, il déclare que le réseau terroriste, s’il est chassé d’Afghanistan, cherchera à reconstruire ses bases au Yémen et en Somalie [1]. C’est suite à ces renseignements que se déroulera l’opération des forces spéciales américaines en Somalie. Le but de cette opération : installer des caméras, qui ressemblent à des pierres ou des ananas (!) dans les ports de Kismaayo, de Merka ou dans certains endroits spécifiques où sont censés s’entraîner des groupes islamistes comme Al-Shabbaab.

Avant le lancement de cette opération de remilitarisation du continent africain par les Donald Rumsfeld & Cie, c’est depuis les Seychelles, que des drones décollent pour des missions de surveillance, et c’est du Koweït qu’une couverture militaire par avion d’attaque au sol AC-130, est déployée en cas de problèmes. Ajoutons à cela le soutien considérable, depuis l’opération « Liberté immuable » de 2001, fourni par le Camp Lemonnier, la base militaire américaine à Djibouti. C’est également des opérations comme celle de « l’initiative transsaharienne contre le terrorisme », qui ont permis, sous prétexte de guerre globale au terrorisme, d’envoyer des troupes américaines au Tchad, en Tunisie, en Mauritanie, au Maroc, au Mali et autres, ainsi que dans la corne de l’Afrique.

Alors, nous pourrions dire, c’est normal, c’était l’ère Bush & Cheney, l’ère des néo-conservateurs, et la France, en s’opposant à la guerre d’Irak, s’était opposée en partie à cette politique d’occupation militaire du Moyen-Orient et de l’Afrique. Or l’heure de ces fantasmes européens est terminée, avec la récente politique de changement de régime qui a été montrée dernièrement en Libye, sans mandat explicite ni de l’ONU, ni des parlements français ou anglais, ou du congrès américain. C’est donc une politique pire que celle de Bush & Cheney dont sont aujourd’hui auteurs le valet Nicolas Sarkozy et l’empereur Barack Obama.

Preuve en sont les récentes déclarations du général Carter F. Ham, commandant en chef de l’AFRICOM, le commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (basé en Allemagne à Stuttgart), s’inquiétant de la fusion du groupe islamiste du Nigéria, le Boko Haram, avec Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) en Afrique du Nord et le groupe Al-Shabbaab en Somalie. C’est contre cette soi-disant menace qu’en juin 2011, le gouvernement Obama a fourni 45 millions de dollars d’équipement militaire aux 9000 soldats de l’Ouganda et du Burundi, afin de combattre les ennemis de la liberté à Mogadiscio, capitale de la Somalie. Et enfin ce sont encore 24 millions de dollars qui ont été donnés au Kenya, permettant aux troupes kényanes d’envahir au mois d’octobre la partie sud de la Somalie et d’y combattre les militants d’Al-Shabbaab. Rappelons que c’est aussi en Somalie qu’avait eu lieu en 2009 l’opération d’assassinat de Saleh Ali Saleh Nabhan [2].

C’est aujourd’hui l’intégrité de la Somalie qui est en jeu, puisque les troupes ougandaises, burundaises et kényanes, armées par les Etats-Unis, contrôlent déjà une partie du sud de la Somalie.

Le 14 octobre dernier, l’empereur Obama a décrété l’envoi de 100 conseillers militaires de ces fameuses forces spéciales, afin d’aider l’Ouganda à capturer le chef de guerre Joseph Kony, sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, qui vit aujourd’hui avec ses combattants dans les forêts d’Afrique centrale. Dans sa lettre au Congrès américain, cité sur le site du Figaro [3], Obama dit avoir « autorisé un petit nombre de soldats américains équipés pour le combat à se déployer en Afrique centrale pour aider les forces de la région œuvrant à faire quitter le champ de bataille à Joseph Kony ». Sous prétexte des atrocités commises par l’Armée de résistance du seigneur, LRA, en Centrafrique, Ouganda, République Démocratique du Congo et au Sud-Soudan, ce sont donc les forces spéciales de l’armée américaine qui s’installent dans toute l’Afrique centrale.

Soutien militaire plutôt qu’alimentaire

L’espoir qu’avait suscité l’élection de Barack Obama en Afrique a fait pschitt ! Les fantasmes ont disparu et laissent place aujourd’hui à une colère grandissante des populations africaines, qui attendaient un changement de politique. Au lieu de quoi elles se retrouvent envahies par les forces spéciales de l’armée américaine, pour lesquelles le gouvernement dépense des millions de dollars qui auraient dû servir, par exemple, dans la corne de l’Afrique, à une aide alimentaire, au moment où plusieurs millions d’enfants sont en train de mourir de faim. En Europe l’heure des fantasmes doit être remplacée par l’heure des grands projets [4] que le continent attend depuis des décennies ; la mise en place de grands projets comme le projet Transaqua pour le lac Tchad, le projet de canal du Jonglei, le projet pour le désenclavement de la RDC, ainsi qu’une politique continentale d’autosuffisance alimentaire, en remplacement des folies imposées par le FMI depuis les années 70 du XXe siècle.

Sébastien Périmony

(Article que j’ai écrit fin 2011 que je remets aujourd’hui dans le cadre des élections US. Je suis en train de le remettre à jour, donc pour ceux qui ont des informations, je suis preneur …)

Notes:

[1] voir Obama tire à vue sur des citoyens américains.

[2] Lire sur Jeuneafrique.com Somalie : Raid américain contre un terroriste présumé d’Al Qaïda.

[3] Voir la dépêche Afrique : les USA traquent Joseph Kony et la lettre d’Obama (en anglais) publiée par foxnewsinsider.com.

[4] Voir notre dossier et notre vidéo Afrique : l’heure des grands projets est venue.

 

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