La Françafrique continue : le cas de la RDC

Sébastien Périmony

Lors du dernier sommet des Nations-(encore)Unies à New York, il est une question fondamentale pour l’avenir de l’Afrique et du monde qui a été mise sur la table mais que très peu de journaux ont relayé, réservant leurs Unes et leurs commentaires à la situation en Syrie et les délires obsessionnels de Bibi sur l’Iran. Il s’agit de la question de la République Démocratique du Congo, dont l’Est du pays est ravagé par des guerres depuis des décennies. Les chiffres macabres que nous entendons ici ou là, parlent déjà de plus de 6 millions de morts et de 2 200 000 personnes déplacées par les conflits, avec pour comble de la barbarie, le viol de milliers de femmes par mois par les milices armées.

La RDC possède presque les 2/3 des richesses mondiales de certaines matières premières de la plus haute importance stratégique …. pour les occidentaux. Et comme personne ne le nie, la multiplication des conflits et des groupes armés comme le M23 contrôlant l’Est du pays est superposable avec la carte géologique (or, diamant, coltan, gaz naturel, pétrole,etc, etc, etc). Ces matières premières sont utilisées pour la téléphonie mobile (Motorola, Apple), l’industrie de l’armement et l’aéronautique (EADS). [1]

Seules quelques personnes de plus en plus courageuses osent avouer aujourd’hui, après des années de silence, l’implication du Rwanda dans l’appui militaire à ces groupes armés. Un rapport de l’observatoire des ressources naturelles en Afrique australe, a montré que le commerce illicite du coltan congolais a rapporté au Rwanda environ 250 millions de dollars américains de 1998 à 2000 alors même que le Rwanda ne possède pas de coltan sur son sol !

Le Premier ministre belge, Elio Di Rupo, qui s’était déjà fait remarquer pour sa position favorable à une séparation des banques, a déclaré à New York que «  la situation dans l’Est de la RDC, la recrudescence de la violence ces derniers mois et la rébellion du M23, sont une grande préoccupation pour le gouvernement belge, en particulier en raison de l’impact grave sur les populations locales », ajoutant que «  l ’intégrité territoriale de la RDC doit être respectée. Tout soutien extérieur aux mutins doit cesser. » Ces déclarations arrivent après celles du ministre des Affaires étrangères belge, Didier Reynders, qui avait cité explicitement le Rwanda comme soutien actif des rebelles du M23 dans l’Est du Congo.

Pour sa part François Hollande a déclaré : « Je pense notamment à ce qui se produit dans la République Démocratique du Congo, où les civils sont les principales victimes des affrontements et où les ingérences doivent cesser le plus rapidement possible », ne prenant donc aucune position claire alors que la polémique bat son plein quant à sa venue à Kinshasa pour le sommet international de la Francophonie.

Malheureusement, et une fois n’est pas coutume, Tony Blair ajoute de l’huile sur le feu, en annonçant la reprise de l’aide financière au Rwanda, pour un montant de 12 millions de dollars.

Aujourd’hui des mouvements comme le M23 semant la terreur et s’accaparant les ressources sont sur le point de prendre le contrôle de grandes villes comme Goma, et par la suite demander la sécession d’avec la République Démocratique du Congo et continuer le processus de balkanisation du pays. Il y a donc urgence. C’est en mettant sur la table une alternative positive, une politique de grands projets d’infrastructure pour l’ensemble de la RDC et de ses voisins que l’on pourra mettre fin à cette situation intolérable. Pour en savoir plus sur la genèse des conflits et sur les alternatives proposées par Solidarité et Progrès et soutenues par les populations, vous pouvez regarder l’interview de Roger Bongos réalisée la semaine dernière. Et enfin ne pas oublier d’agir.


[1 Du sang dans nos portables, documentaire de Frank Piasecki Poulsen, réalisé en 2010, 52mn).

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