La crise dramatique au Sahel souligne l’urgence du projet Transaqua

(Source : Solidarité et Progrès)

 

Plus de onze millions de personnes sont menacées de famine dans la région du Sahel en raison de la sécheresse et des ravages de guerre. Alors que les agences humanitaires de l’ONU avaient réussi dans le passé à fournir de la nourriture et de l’aide en urgence, cette fois-ci seuls 36 % des 1,7 milliard de dollars requis sont disponibles, y compris à cause de la crise syrienne.

Le coordinateur humanitaire de l’ONU Robert Piper a sonné l’alarme : le conflit au Mali a déplacé des milliers de personnes et déborde largement du cadre malien, a-t-il dit. Lors de sa première visite dans la région, il lui semblait « voyager au plus bas de l’indice du développement humain ». « Ces populations extraordinairement vulnérables font face à des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes et de plus en plus fortes en intensité. Et à chaque fois, elle ont encore plus de mal à s’en remettre. »

Le 10 juillet, l’opinion publique mondiale a suivi avec émotion le voyage du pape François sur l’île italienne de Lampedusa, où des milliers de migrants africains débarquent après avoir traversé la Méditerranée au péril de leur vie. Cette migration est aussi une conséquence directe de la crise dans la région du Sahel et a empiré avec les guerres de « changement de régime » en Afrique du Nord.

De telles souffrances plaident pour un grand projet de transfert d’eau comme solution durable au problème. Un tel projet existe : Transaqua. Celui-ci consisterait en un canal long de 2400 km pour transférer 70 à 100 milliards de mètres cubes d’eau depuis le bassin du Congo, qui en regorge à l’excès, vers le lac Tchad. Ce dernier est aujourd’hui plus de vingt fois plus petit qu’il y a 50 ans. Transaqua non seulement revitaliserait le lac, en créant une zone de développement agricole aussi grande que la Lorraine, mais il permettrait de produire beaucoup d’énergie électrique et de former le cœur d’un réseau d’infrastructures de transport panafricain.

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Via un canal de 2400km, le projet Transaqua transfèrera 100 milliards de mètres cubes annuellement depuis une dizaine d’affluents du Congo.

Cependant, l’Occident a une fois de plus démontré qu’il ne s’intéresse pas à une solution. Le 26 juin, l’envoyé spécial au Sahel, l’ancien président de la Commission européenne Romano Prodi, a présenté sa stratégie au Conseil de sécurité de l’ONU pour la région, sans même mentionner un programme de transfert d’eau. Or, nous savons chez Solidarité et Progrès que Prodi a été informé personnellement et à plusieurs reprises du projet Transaqua par des personnes de haut niveau. Dans son rapport toutefois, il ne parle que vaguement de « projets de développement régionaux » et recommande de créer un Fonds d’action au Sahel pour financer un Institut de recherche du Sahel, qui constituerait une structure « légère » d’administration et de gestion, et servirait de centre de formation pour développer une expertise locale sur les problèmes locaux.

L’on peut déjà s’attendre à ce qu’il en sorte des micro-projets écologistes et inefficaces, et peut-être même la résurrection de Desertec, l’idée folle de recouvrir le désert de panneaux solaires pour produire de l’électricité à envoyer en Europe !

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